Partage d’expérience d’un grand dadais de papa et d’un moins en moins p’tit gars porteur d’autisme dans son immersion en collège « normal ».
Attachez vos ceintures, préparez les sacs en papier, il va y avoir des secousses voire même du couscous (bon, c’est pour la rime : j’aime bien le couscous). Banzai !
A vous qui redécouvrez ce blog idiot quasiment trois ans après. Oui, je sais, je n’écris pas très souvent mais Vivant ! Je suis toujours vivant ! 🤘
Vous avez découvert l’autisme à l’école dans cet article ?
Aujourd’hui, bienvenue dans le fabuleux destin de Caramel au collège.
A l’heure où je vous parle, notre joyeux bonbon sucré qui colle aux dents et au cœur a 14 ans et est en 4ième.
Ça y est ! Il découvre le duvet sous le nez, le buisson dans le slip, dormir sur la béquille, etc.
Bref, l’adolescence.
Qui sait, peut-être ferai-je prochainement un article « L’autisme et les hormones, le clash ». 😅
Vous découvrez ce blog? Vous allez voir, j’écris des pamphlets remplis de bêtises sur la vie de parent d’enfant porteur d’autisme.
Pardon.
On s’y jette, parbleu !
Chapitre 1 : Le requin approche.
Le web c’est mon métier et, si j’y ai appris quelque chose, c’est que le hasard n’y existe pas.
Si vous lisez ces lignes sans être jamais venu sur ce blog, c’est que vous faites des recherches ou qu’on vous a partagé ce lien.
Vous pourriez donc avoir un enfant porteur d’autisme d’environ 10 ans ce qui me fait dire que ça fait donc déjà 7 ans que vous galérez. D’ailleurs, il y a des chances qu’il ou elle soit à l’école à l’heure où je vous parle.
Vous êtes fatigué(e) et vous vous posez la question de savoir comment ça se passe au collège, réputé le passage de l’enfance le plus dur qu’on soit neurotypique ou pas.
Mine de rien, vous voyez aussi que ça grandit ces machins-là. Nous, on vieillit et l’océan de leur future vie qu’on espère active se rapproche année après année.
DINDINDINDINDINDIN (je chante la musique des dents de la Mer mais ça ne rend probablement pas très bien).
Moi, ça me fait un peu transpirer tout ça, pas vous ?
Allez, ouvrons la réflexion et gare au claquage de neurones.
Chapitre 2 : Un autiste en collège normal : Est-ce bien normal ?
J’aime bien enfoncer des portes fermées et mettre les pieds dans le plat.
En tant que parent d’enfant porteur d’autisme (je vais souvent dire autiste à la place, ça va plus vite même si c’est moins politiquement correct), vous avez ou vous allez un jour avoir en face de vous un spécialiste, une connaissance, un ami, un parent, un professeur, un proviseur, un ministre ou un conjoint. Chacun a sa phrase ultime.
Attention, préparez-vous :
- Le spécialiste : « Il n’a rien à faire dans une école spécialisée ! »
- La connaissance : « Il est autiste ? Du coup, il est dans une école spécialisée ? »
- L’ami : « Je te vois galérer, t’as pensé à l’école spécialisée ? »
- Le parent : « Arrête de galérer, visite des écoles spécialisées ! »
- Le proviseur de collège adapté : « Vous pouvez faire un dossier. Le délai d’attente est de neuf ans et je ne suis pas sûr qu’on soit bien adapté. »
- Le proviseur de collège normal : « T’as vu, on l’a accepté dans notre collège. C’est bien, hein, t’as vu !? »
- Le professeur de collège normal : « J’ai déjà 33 élèves à gérer, sa place est dans une école spécialisée ! »
- Les AESH et les enseignants : « On n’a pas été forméééééééééé ».
- La/Le ministre : « L’école inclusive est un véritable succès ! Votez pour moi ! »
- La/le conjoint : « Ils commencent à nous saouler tous ces charlots, on part au Canada ? » ☠️
Ah, je sais ce que vous vous dites ! Il exagère !
Non.
Enfin si, j’exagère. Les collèges spécialisés pour autistes, ça n’existe pas. 😅
Chapitre 3 : Collège normal, ULIS, IME, collège alternatif et les autres.
Dans la vie, il faut faire des choix, qu’ils disent ! La question réside dans les critères que vous allez mettre dans ce choix.
Tous les jours, nous appliquons des techniques de recherche avancée, sans même nous en rendre compte :
- Pour se diriger sur la route, Google Maps nous dit qu’il faut prendre la troisième sortie. Bon, on finit parfois sur des chemins de terre mais on continue de le suivre bêtement.
- Avant d’acheter sur Amazon une raquette électrique à mouches, on regarde combien d’étoiles a mis « cecilou43550 », histoire d’être rassurés.
- Pour choisir un melon au supermarché, on lui palpe le derrière.
Pour choisir un collège ?
- J’ai cherché sur Google Maps : Rien.
- J’ai demandé à cecilou43550 : Elle n’a pas répondu.
- J’ai palpé le derrière des proviseurs que j’ai rencontré : ma femme m’a fait de gros yeux.
Résumé : Quelles sont les aides pour choisir le futur collège de votre rejeton ?
Rien.
Que dalle, nib, peau d’zgeg.
Oui, je sais, c’était pareil pour l’école primaire. C’est beau la stabilité, hein ?
Je me suis donc naturellement tourné vers les pédopsychiatres, orthophonistes, etc… en me disant qu’ils auraient la réponse, forcément ! Ce sont des pros !
La voici, leur réponse :
« Euh… Bah euh… ».
Ah si !
Le pédopsychiatre m’a dit ça : « Monsieur, au collège, c’est forcément du bricolage alors bricolez ! »
J’ai donc appelé Leroy Merlin et Castorama mais ils n’avaient pas d’ateliers pratiques sur le sujet. Je me suis donc rabattu sur euh…
Bref, on s’est dém***dé.
Allez, commençons par les chemins qui s’ouvrent à vous.
Chapitre 4 : Pour prendre un bon départ, connaître… votre point de départ.
Ce qui suit reflète une opinion subjective mais je ne vais pas mettre du conditionnel à tous les verbes, j’ai dû mal à l’accorder. Merci pour votre indulgence.
Je vais donc vous donner mon avis et souhaite préciser que Caramel a toujours été en école normale avec AESH (on doit en avoir fait 18 ou 19, j’ai arrêté de compter) et n’a pas de déficience intellectuelle.
Mais vu qu’il n’a pas un bon niveau de langage, il n’est pas non plus ce qu’on appelait jadis un Asperger ou « autiste de haut niveau » (qu’est-ce que c’est que cette expression débile ?).
Du coup, les musclés de la tête l’ont étiqueté « Autiste atypique ».
C’est vachement pratique, ce mot. Atypique. On y range plein de trucs !
Tu as une baraque dans un sous-sol avec 2 cuisines, 1 chambre et les WC sont plus grands que le salon ?
Hop ! Maison atypique !
Tu as des bras de 2 mètres de long mais tu mesures 1m12 ?
Toi, tu as un physique atypique !
Tu as un fils de 14 ans porteur d’autisme avec 116 QI mais un niveau de langage d’un enfant de 5 ans ?
Atypique !
Mais attends, j’y pense ! Il parait qu’être autiste, c’est déjà être atypique donc un autiste atypique, c’est un atypique-pique ?
BREF !
Pour la 6ième, vous avez devant vous 5 choix. C’est l’abondance ! Quelle chance !
- Le collège normal
- L’ULIS
- L’IME
- Les collèges alternatifs
- L’enseignement à la maison
A partir de la 4ième, une nouvelle option semble possible : le collège agricole, mais j’avoue ne pas l’avoir creusée. Je n’ai pas la main verte.
Si vous en avez une autre, n’hésitez pas à la partager dans les commentaires en bas de page, je me ferai un plaisir de la rajouter à l’article.
Allez, on va faire un rapide tour d’horizon : les PLUS et les MOINS histoire de dégrossir. Je ne traite pas du concept public/privé, ce n’est pas le débat pour l’instant.
Je vais appeler votre rejeton Jean-Alceste.
Oui, je sais, c’est un prénom atypique.
a) Le collège normal
LES PLUS :
- Jean-Alceste va être intégré à la société dite traditionnelle et recevoir les enseignements auxquels il/elle a droit.
- L’école inclusive est en marche ! La loi est donc de votre côté à grand coup d’effets d’annonces du ministère. En avant, moussaillons !
- L’école va adapter les enseignements/supports.
- On peut avoir une AESH individuelle quasi à plein temps.
LES MOINS :
- Les 4 points ci-dessus sont la théorie, pas la pratique.
- Les cours sont très rarement adaptés et certains enseignants n’essaient même pas.
- La plupart des enseignants ne sont pas formés (y’a pas de budgeeeet !!!)
- Les AESH sont souvent mutualisés (y’a pas de budgeeeet !!!)
- Avoir un AESH individuelle à plein temps va être un combat. C’est faisable, mais elle ne tombera pas du ciel, vous allez devoir aller au charbon.
- Les classes sont bondées et très bruyantes (y’a pas de budgeeeet !!!)
- La cantine, l’entrée, la sortie ? 169 décibels en moyenne ! Vive les casques anti-bruit !
- Il y a beaucoup de devoirs à la maison et vous allez devoir jongler entre l’agenda, Ecole Directe ou Pronote, sortes de bouses d’outils développés avec les pieds où chacun fait sa vie. Les informations importantes vont donc se perdre au milieu des tombolas et autres ventes de sapin.
- Les devoirs « qui prennent 10 minutes » vont remplir vos weekends et vous allez réviser votre grammaire en aidant Jean-Alceste. Quoi !? Vous n’aimez pas les COD ?
- Les classes regorgent d’enfants nécessitant des adaptations : Vous entendrez donc rapidement « J’ai déjà 8 autres élèves à besoin spécifiques, moi, monsieur / madame ! »
- Le premier rang n’a pas un nombre de places illimité et les AESH ne se reproduisent pas entre elles non plus. Enfin peut-être que si mais la fécondation/reproduction des AESH n’est pas au programme de SVT.
b) L’ULIS
LES PLUS :
- Jean-Alceste va suivre certains cours en petit comité avec un nombre limité de profs encadrants censés être formés.
- Présence d’une AESH « collective » dans l’ULIS.
- Jean-Alceste suivra certains cours en classe normale avec une AESH mutualisée la plupart du temps.
LES MOINS :
- Les trois points ci-dessus sont la théorie, pas la pratique. (Tiens, c’est curieux, j’ai une sensation de déjà-lu, pas vous ?)
- Votre enfant dépend d’une classe « normale » mais n’y est pas à 100%. C’est donc du temps partiel et pas de l’inclusion. Mais l’inclusion, ça sonne mieux.
- Vous oubliez les AESH individuelles.
- On a la pancarte « ULIS » sur le front dans la cour d’école.
- Y’a pas de place pour tout le monde. L’attente est longue. Deux à trois ans en moyenne d’après ce que j’ai entendu.
- On définit l’ULIS comme LE truc spécialisé : vous y trouverez effectivement des DYS, des TDAH, quelques autistes, etc. Bref, un joyeux melting pot. C’est donc « généraliste en enfants atypiques » mais en aucun cas « spécialisé en autisme ».
NI PLUS NI MOINS :
- On dit souvent que le Canada a 20 ans d’avance sur la France sur la prise en charge de l’autisme.
Hey, vous savez quoi ? Au Canada, les ULIS, ça n’existe pas.
Par contre, il existe des écoles spécialisées pour les enfants ne pouvant pas être intégrés dans une classe normale.
c) L’IME ou Institut Médicoéducatif
LES PLUS :
- Vous n’aurez pas à justifier sans cesse la présence de Jean-Alceste puisque ce sont des établissements faits pour.
- Ils ne dépendent pas de l’Education Nationale. Champagne !
- Ils adaptent en fonction des spécificités de Jean-Alceste.
- Ils apprennent l’autonomie.
LES MOINS :
- Ça s’envisage uniquement pour les enfants porteur d’autisme avec déficience intellectuelle.
- Ce ne sont pas des établissements scolaires. Spécialisé oui, école, non. Ça m’étonnerait qu’on y apprenne Maupassant. Oui, je sais, on s’en fiche de Maupassant. ☠️
- Il n’y a pas de la place pour tout le monde. L’attente est longue. Trèèèès longue. (Tiens, c’est fou, j’ai encore la sensation de déjà-lu. Je vais devoir consulter.)
d) Les collèges alternatifs type Montessori, Steiner, etc.
LES PLUS :
- On prend en compte les particularités des enfants, leurs goûts, leurs envies, leur rythme et ce sont souvent les enfants qui décident de ce qu’ils veulent apprendre.
LES MOINS :
- Vous oubliez les AESH.
- C’est payant.
- Ça prend en compte les particularités des enfants… sans trop de particularités.
- La loi ne peut rien pour vous.
- Mettre peu voire pas de cadre et/ou de routine à un autiste ? Vous êtes sûr(e) ?
NI PLUS NI MOINS
- Ça ne serait pas un peu le culte de l’enfant roi, cette histoire ?
- Faut être à l’aise avec les bobos. Moi, je suis plutôt de la team « je vais les étrangler avec leurs chèches et leur faire bouffer leurs lunettes en bois ».
e) L’enseignement à la maison (CNED)
LES PLUS :
- Les supports sont visuels (images, vidéos…)
- Les évaluations sont souvent des QCM.
- Les consignes sont plutôt bien foutues.
- On gère l’emploi du temps un peu comme on veut ce qui est bien pratique pour jongler avec les rendez-vous chez les spécialistes.
LES MOINS :
- Vous oubliez votre activité professionnelle puisque vous ferez office d’AESH.
- La sociabilisation va se limiter à papa ou maman.
- C’est une école à part entière avec les mêmes attendus. Il faut donc être prêt à bosser et pas qu’un peu.
Il existe aussi des écoles « alternatives » souvent montées par des parents sans solution. C’est souvent du bricolage et elles ont du mal à perdurer dans le temps.
Ce n’est pas une critique des fondateurs bien au contraire, plus une solution ultime de secours sans trop de garanties et il faut avoir les reins pour en payer le prix.
C’est pas Versailles, ici.
Chapitre 5 : C’est l’heure du choix : Sautez dans le vide.
Avec ce que je viens de vous dire, vous vous dites sans doute que la solution parfaite n’existe pas. Je vous félicite, vous avez juste. Je vous mets un smiley. 😊
Allez, je vous pose des questions. Prenez votre cahier de brouillon et répondez y. IL EST INTERDIT DE COPIER SUR SON VOISIN !!!
Question 1 : « Quelles compétences doit avoir votre rejeton dans 4 ans selon vous ? »
Question 2 : « Qu’attendez-vous des autres élèves ? »
Question 3 : « Avez-vous un job stable où vous faites 9h00 – 18h00 ou quelque chose d’approchant ? »
Question 4 : « Votre enfant doit-il selon vous suivre une scolarité normale puisqu’il/elle y a droit ? »
C’est bon ? Notez votre nom en haut de page, je vais ramasser les copies.
Je vous présente ma femme, Polpette. Je vous mets sa photo. Ma femme, c’est la plus belle.
Nous nous sommes posés ces questions. Voilà le fruit de nos réflexions.
Chapitre 6 : Quelles compétences doit avoir Caramel, porteur d’autisme dans 4 ans ?
Notre réponse : « Savoir évoluer en société, comprendre mieux le monde qui l’entoure, savoir écrire, savoir lire et savoir compter. Point. »
Vous remarquerez que nous n’avons pas mis savoir parler puisque c’est le handicap majeur de mon fils avec la capacité d’abstraction.
Au collège, vous allez devoir vous focaliser sur la compétence et pas sur la note. Souvent, ça n’a d’ailleurs aucun lien.
Vous verrez, ça allège la charge mentale.
Pour prendre une métaphore de haut niveau :
- Ce n’est pas parce que vous bouclez le 400 mètres en 2 heures 30 que vous ne savez pas courir.
- Ce n’est pas parce que vous ne savez pas faire un clafoutis que vous ne pouvez pas cuisiner.
- Ce n’est pas parce que Papa vous met une volée à Fifa que vous ne savez pas jouer à Fifa. Papa est juste super balèze.
Parlons des compétences cibles matière par matière, tiens.
Quelles sont les compétences (et non les savoirs) que chaque matière est censée développer et qu’est-ce que les profs vont demander pour évaluer cette compétence ?
Exemples vécus. Je vous jure que je déconne pas :
Les mathématiques :
- Les compétences visées : Savoir compter et savoir résoudre des problèmes.
- La demande des profs : Savoir utiliser un compas, distinguer un angle alterne d’un angle interne, calculer 3 + (5/4 *18/2) X 5 + 287.
Le français :
- Les compétences visées : Savoir lire, écrire et comprendre des écrits.
- La demande des profs : Distinguez le groupe nominal, le COD, le COI et donnez la définition du mot substantiel. Comprendre le sens de « C’est vous dire qu’elle n’était pas belle, car ce pauvre petit cricri des champs est encore plus laid que celui des cheminées. » (C’est du George Sand).
Les langues vivantes :
- Les compétences visées : S’ouvrir au monde voire préparer un potentiel départ au Canada ou en Italie. 😁
- La demande des profs : Chante devant toute la classe cette chanson que tu auras appris par cœur
« Divorced, beheaded and died Divorced, beheaded, survived I’m Henry the eighth, I had six sorry wives Some might say I ruined their lives »
Les sciences physiques :
- Connaître les concepts de la vie de tous les jours comme la masse ou le volume. Ça peut être utile pour préparer des crêpes.
- La demande des profs : Pour montrer la présence de CO2, on fait des tests à l’eau de chaux. Pour l’oxygène, c’est le test de la bûchette incandescente.
L’histoire/géographie et l’EMT :
- Les compétences visées : Savoir ce qu’est un président, un roi et sinon, la géographie.
- La demande des profs : Expliquez ce qu’est la monarchie de droit divin et ce qu’est le Tiers-Etat.
La technologie :
- Les compétences visées : Faire des travaux manuels amusants voir utiles dans la vie de tous les jours comme l’informatique.
- La demande des profs : Un silex est-il un objet technique ?
La SVT :
- Les compétences visées : Comprendre des trucs comme « Qu’est-ce que c’est que ce truc qui pousse dans mon slip et à quoi ça sert ? » ou « Pourquoi mon chat et un ficus ne sont pas de la même espèce alors qu’ils ont le même comportement ? »
- La demande des profs : Matt Pokora est-il un mammifère ou un poisson ?
La musique :
- Les compétences visées : Découvrir autre chose que Jul.
- La demande des profs : Découvrez la musique préhistorique ! Allez zou, on va regarder des barbus qui tapent sur des cailloux !
L’EPS :
- Les compétences visées : Se défouler, se sociabiliser et ne pas se transformer en bonhomme Michelin.
- La demande des profs : Course d’orientation ! Voilà une boussole et une carte. Ramenez les drapeaux rouges dans le préau. Si vous croisez des loups, fuyez pauvres fous !
Les arts plastiques :
- Les compétences visées : Dessiner, coller… Bref manipuler et créer, pourquoi pas.
- La demande des profs : Qu’a voulu dire l’artiste avec le tableau suivant ?
Vous avez compris l’idée ?
Est-ce que le collège peut apprendre des trucs à votre progéniture ? J’imagine que oui.
Est-ce que l’enseignement a les mêmes objectifs que vous ? Non.
Vous vous en rappeliez du truc de l’eau de chaux, vous ?
Bon sang mais c’est quoi, de l’eau de chaux ? Ça s’achète chez LidL ?
Non ? On est mal, patron !
C’est ça où l’Education Nationale fait erreur : Ils n’évaluent pas la compétence pure.
Je m’explique : Quand on demande à un élève de chanter devant toute la classe une chanson anglaise qui traite d’un sujet qui parle d’histoire et d’un gars qui a eu huit femmes…
Qu’est-ce qu’on évalue, en fait ?
- La capacité de compréhension de la métaphore
- La capacité de prise de parole en public
- La capacité à comprendre un contexte historique
- La capacité à comprendre le concept de l’amour, de la vie de couple et tout ça
- Et un peu d’anglais
Caramel a du mal avec l’abstraction comme beaucoup d’autistes : La métaphore ? Glurp !
Il a un niveau de langage assez bas : La prise de parole ? Argh !
Il a un handicap sur les relations sociales comme tous les autistes : Parler en public avec 30 paires d’yeux qui vous regardent ? Oups !
Il n’a pas vraiment la notion du temps : Le Moyen-Age, c’était quand ? Hein ?
Résultat ? La prof va dire qu’il a un bon accent mais que ça a été compliqué. Elle lui mettra 6/20 alors que 80% de l’évaluation concerne son handicap (ce qui équivaut en fait de la discrimination même s’il ne faut pas utiliser ce terme à tout bout de champ) et pas sa compétence en anglais.
Solution ? Proposer à la prof de refaire l’évaluation à la maison et lui envoyer la vidéo où forcément, il est déjà beaucoup plus à l’aise.
Magiiiie, le 6 se transforme en 12/20. Gare à toi David Copperfield !
Vous l’aurez compris, avec Polpette, on se fiche royalement (de droit divin) de la plupart des notes dispensées dans le collège normal et savons très bien que beaucoup d’enseignements seront peu accessibles.
Pourtant, nous avons mis Caramel en école normale. Oui, on aime bien souffrir et je vais vous expliquer pourquoi. 🤣
Gardez en tête que quand on se fiche des notes, que le redoublement est décidé par les parents et que la loi est de votre côté, le corps enseignant ou la direction n’a aucun moyen de vous imposer son point de vue.
Aucun.
Ils vont essayer de vous le faire croire mais je vous le répète :
AUCUN. Les patrons, c’est vous.
Et ça, c’est très utile, croyez-moi. 😈
Par contre, vu que les profs fonctionnent à la note et que leurs N+1, N+2 aussi, il faut vous affranchir de leur avis mais leur faire croire qu’ils sont des Prix Nobel en puissance.
Merci pour vos lumières, môssieur le professeur !
C’est un peu coquin mais quand vous aurez intégré ce fonctionnement, vous allez recommencer à siffloter, vous verrez.
Chapitre 7 : « Qu’attendez-vous des autres élèves ? »
La première réponse qui peut venir spontanément est probablement « Rien ».
Bah oui, quand on met son rejeton à l’école, on part du principe que c’est pour l’enseignement, pas les élèves.
Et pourtant, l’école ou le collège sont les endroits où on apprend à se fondre dans la société.
Je ne vais pas dire s’intégrer, forcément, ça serait probablement trop optimiste. Pousse pas le bouchon trop loin, Maurice.
Bref, l’ami Caramel a pris l’habitude de reproduire ce qu’il voit, en mimant les autres.
Du coup, on s’est simplement dit qu’il serait plus constructif de mimer des neurotypiques que d’autres enfants en difficulté. C’est tout bête.
Bien sûr, cet environnement n’est pas fait pour lui mais la vraie vie non plus. Il va forcément devoir s’y adapter et le plus tôt est le mieux.
On peut avoir peur du harcèlement, bien sûr.
Un enfant hors norme peut devenir une proie car les gamins peuvent être franchement bêtes entre eux ou se moquer.
Ça a bien dû arriver mais honnêtement, après 3 ans de collège, j’affirme que les personnes qui posent surtout problème, ce sont les adultes, pas les collégiens.
Pour une immense majorité, ils sont très bienveillants ou au pire indifférents.
Laissons les indifférents faire fondre leur cortex sur Tiktok à regarder des influenceuses qui prennent des coups de coude.
Bon, faites quand même un peu attention à l’environnement du collège ciblé. Je vis dans des bleds bobos et bourgeois de la périphérie de Lyon (en tant que stéphanois, c’est le drame de ma vie).
J’aurais peut-être un autre discours si nous résidions dans un ghetto comme Neuilly.
La sociabilisation ? J’y reviendrai.
Chapitre 8 : Avez-vous un job stable où vous faites 9h00 – 18h00 ou quelque chose d’approchant ?
On veut toujours le mieux pour nos enfants mais si vous vivez sous un pont, ses chances de finir à Harvard sont assez limitées.
On ne visera donc pas la « meilleure éducation » mais la « meilleure éducation possible » en fonction de votre situation personnelle.
Ne l’occultez pas et ne culpabilisez pas.
Si vous êtes seul(e) avec trois rejetons à charge et un BAC-12, ce n’est pas la même limonade que si vous êtes deux avec des salaires à 10k€.
OK, si vous vous appelez Bernard Arnault, la logistique doit être gérable.
Je doute qu’il passe un jour sur mon blog mais si c’est toi, Nanard, n’hésite pas à m’envoyer un chèque, je suis open.
Votre situation personnelle compte dans votre choix. On n’est pas tous nés sous la même étoile et vous comme moi sommes bien placés pour le savoir.
On vous dira parfois qu’il faut partir en Belgique ou au Canada comme si c’était quelque chose de facile ou que ça réglait forcément les problèmes.
Je n’ai pas un amour fou de la République française (euphémisme) mais ne sous-estime pas l’impact d’un déménagement à 10 000 kilomètres des rares repères qu’on peut avoir.
OK, les canadiens ont un accent marrant et le sirop d’érable c’est vachement bon. Mais on s’y caille les miches.
Fuir ? Peut-être que ça peut atténuer certains problèmes comme le regard des autres mais ces pays sont loin d’accepter à bras ouverts les immigrés surtout s’ils sont autistes. En tant que parent d’enfant porteur de handicap, la fuite n’est de toute façon pas notre ADN, si ?
Partir dans un nouveau projet familial où tout le monde s’y retrouve, oui, par contre. Allez savoir, je le ferai peut-être un jour !
Chapitre 9 : Un autiste doit-il suivre une scolarité normale puisqu’il y a droit ?
La réponse semble évidente : OUI.
Pourtant, ça mérite réflexion.
Je vous repose la question : « Jean-Alceste doit-il suivre une scolarité normale puisqu’il y a droit ? »
Vous pensez OUI ?
Pourquoi ?
Si la réponse est « parce que l’école l’épanouit et que ça le rend heureux », alors vous avez raison.
Sinon… il faut qu’on discute.
Je vous avoue que je m’y suis cramponné au OUI pendant un bon moment, moi. Pourtant, j’ai fini par assouplir ma position et re-pourtant, je rentre mon fils au pied de biche en école normale depuis 11 ans.
Paradoxe ? NON ! J’ai un plan.
Quels sont les secteurs qui recrutent en masse en 2023 ? (source je ne sais plus où sur le web)
- Serveur de cafés, de restaurants ;
- Viticulteur, arboriculteur salarié, cueilleur ;
- Aide, apprenti, employé polyvalent de cuisine ;
- Agent d’entretien de locaux (y compris les ATSEM) ;
- Agriculteur salarié, ouvrier agricole ;
- Aide à domicile et aide ménagère ;
- Aide-soignant (médico-psycho, auxiliaire de puériculture, assistant médical…) ;
- Professionnel de l’animation socioculturelle (animateurs et directeurs) ;
- Ouvrier non qualifié de l’emballage et manutentionnaire ;
- Cuisinier.
Je ne dis pas que c’est la panacée mais tous ces métiers sont hautement respectables et recrutent en masse, faute de candidats.
Faut-il se servir d’un compas ou savoir ce qu’est de l’eau de chaux pour exercer ces métiers là ? Non !
Il en pense quoi, Maupassant ?
J’en déduis donc que mon fils sera probablement employable.
Le truc, c’est qu’il a 14 ans et on ne vit pas au Pakistan : il n’a pas le droit de travailler et n’en a pas une envie folle semble-t-il.
Est-ce que ces métiers l’intéressent ? Aucune idée.
L’idée, c’est donc de tenir jusqu’à ses 16 ans en développant ses compétences au max.
De toute façon, il a un conception très personnel de l’avenir : « Papa, je veux vivre au bord de la mer et être en vacances tout le temps ».
Il a tout compris, mon Caramel. 😻
Chapitre 10 : Notre recette pour survivre
Je ne dis pas que c’est ce que vous devez faire, voilà simplement ce que nous avons fait avec Polpette :
Ingrédient 1 : Le préparer à la vie au milieu de neurotypiques.
Cap sur le collège normal avec AESH.
Ingrédient 2 : Ne pas le rendre malheureux.
Exit la fatigue et la pression.
Pour cela, 3 jours par semaine au collège normal. Exit le mercredi matin et le vendredi.
On enlève les deux matières des profs les plus bêtes pour éviter d’avoir à leur taper sur la couenne => On les fera avec le CNED.
Histoire Géo le mercredi après-midi avec Polpette. Sciences physiques avec Papa le vendredi matin.
Depuis, il collectionne les 16/20 au CNED… et les bâches au collège mais on s’en fout.
Oui, on peut faire une scolarité moitié école, moitié CNED. C’est Polpette qui a découvert ça.
C’est la meilleure, ma femme, je vous l’avais déjà dit ?
Pendant les heures libérées en physique et en histoire-géo au collège, il fait ses devoirs en étude avec l’AESH : et hop ! Plus de devoirs à la maison.
Tiens d’ailleurs, au Canada, les devoirs à la maison, ça n’existe pas non plus.
Ingrédient 3 : Ne pas oublier que c’est sa vie, pas la nôtre.
Mon fils a une passion pour les trains et se fiche de devenir un jour directeur de quoi que ce soit ou chargé de quoi que ce soit.
Quels sont les métiers du ferroviaire ? Existe-t-il des programmes spéciaux à la SNCF ? (il y en a mais il est encore un poil jeune).
Alors certes, aurions-nous envie de monter un jour dans un TGV conduit par Caramel ?
J’aurais personnellement une légère appréhension mais après tout, on ne sait jamais qui conduit. Sur un malentendu, ça peut passer.
Oui OK, ça ne sera probablement pas possible parce que la sécurité et toussa toussa…
Mais bon, parler ce n’était pas possible, faire du vélo ce n’était pas possible, être intégré en classe normale ce n’était pas possible… Et mon fils fait ces trois trucs là même de manière imparfaite.
L’impossible, c’est une truc de neurotypique.
Ingrédient 4 : La légèreté.
L’enfance est censée être la plus belle période dans une vie. Exit tous les intervenants qui nous pompaient l’air et le portefeuille. Place aux intervenants où Caramel va prendre du plaisir. Nous avons ainsi recruté une prof de dessin individuelle à domicile le vendredi après-midi.
Tiens, je vous mets un dessin de l’autiste qui, je cite, « n’est pas capable de produire en cours d’arts plastiques ». C’est une copie à main levée.
En vacances, on se repose.
Le weekend, pareil.
Polpette met Caramel au yoga et ça marche super bien.
Et vous ? A quoi devez-vous vous attendre ? On y vient.
Oui, cet article n’est pas super structuré mais j’écris ce qui me passe en tête et mon audience a l’habitude de s’adapter. Quelle chanceux je fais.
On parle des autres élèves ?
Chapitre 11 : La sociabilisation d’un collégien porteur d’autisme au collège normal
On noue de belles amitiés pendant sa scolarité. Moi, je suis ami avec une grande gigue depuis 43 ans alors que j’en ai 46.
La question, ce sont plutôt les codes sociaux inhérents à chaque classe d’âge.
- En maternelle, on joue aux cubes, on court, on crie, on dort, on barbouille et le mec qui barbouille à côté de soi devient un pote parce qu’il imite vachement bien le bruit des « prout » avec sa bouche. Mais à cet âge là, on ne peut pas dire qu’on discute énormément quand même.
On s’habille chez Vertbaudet et on trouve qu’un haut jaune poussin et un bas bleu fluo, c’est super beau.
Maman et Papa sont des dieux. - En primaire, les choses évoluent un peu et on commence à discuter.
On appelle les classes inférieures les « petits » alors qu’on fait 1m20.
On parle jeux vidéos, sport, les filles font des roues et commencent à vouloir mettre des baskets fashion.
Les mecs mettent des joggings parce que c’est plus facile pour jouer au foot. Leurs baskets sont défoncées, on passe toutes les semaines chez Decathlon.
Maman et Papa sont des dieux. - Au collège, on commence à regarder les filles en se demandant comment rouler une pelle, on demande un iPhone à Noël, on découvre Snapchat et Tiktok.
On joue en ligne (Quoi, t’as pas Fortnite !? C’est claqué au sol !).
On se fait des coiffures de guignol avec les tempes rasées et une couette à l’arrière comme Ronaldo.
On demande des Air Jordan et des hoodies Champion.
Sur la fin, on commence même à boire des bières et à fumer des clopes en cachette.
La cour n’est plus une aire de jeu mais une jungle où les groupes parlent chacun dans leur coin.
Maman et Papa commencent à nous saouler avec leurs règles. En plus, on a pas eu l’iPhone à Noël. La chambre devient un sanctuaire.
C’est un poil caricatural, oui mais les collégiens ne sont pas les maîtres de la finesse alors je suis le mouvement.
Jean-Alceste a-t-il des potes piliers ? Si oui, c’est un truc important dans votre choix.
Caramel, lui, a eu une sociabilisation en maternelle et s’est fait quelques potes, tous un peu hors normes (des HPI, des TDA, des DYS).
En primaire, il est devenu une sorte de mascotte qui était de plus en plus en marge mais ses amis de maternelle étaient là pour lui.
Au collège, les piliers sont partis sous d’autres cieux. Aïe ?
Bah non ! Un groupe de 3 nouveaux potes l’a pris sous son aile et il mange avec eux à la cantine tous les midis. D’ailleurs, 80 % des 700 élèves du collège savent qui est Caramel et disent qu’il est super. Evitons d’être trop affirmatifs, les jeunes ont moins d’aprioris que nous autres vieux croutons. La société change et pas toujours dans le mauvais sens.
OK, peut-on parler d’amitiés fortes ? Je l’ignore mais vous en connaissez beaucoup des autistes avec une ribambelle de potes, vous, de toute façon ?
OK, il se fiche de la gente féminine, de la marque de ses fringues, de Tiktok (d’ailleurs il n’a pas de téléphone).
Lui, c’est Mario Bros, Lego et regarder des trains sur YouTube. Basta cosi.
OK, le fossé de maturité se creuse à ce moment là : L’adolescence est une bascule vers l’âge adulte et Caramel se plait bien en enfance, lui.
Mais c’est lui qui a raison ! L’âge adulte, ça ne fait pas rêver et on rêve tous d’avoir une âme d’enfant, non ?
En plus, Papa et Maman sont toujours des dieux (bon, ça c’est normal, nous sommes exceptionnels 😁).
Allez, parlons des enseignants. Bouclez les ceintures.
Chapitre 12 : Retour d’expérience sur le collège normal
C’est compliqué d’écrire ces lignes sans être trop sarcastique. Je promets d’essayer. 🤣
A l’école primaire, la/le même prof enseigne toutes les matières et elles sont vachement importantes.
Lire, écrire ou compter, c’est un poil plus engageant que le test du la bûchette incandescente dans un cursus scolaire.
La dépendance au prof est donc ultra forte et c’est ce qui va changer au collège.
C’est le gros avantage d’ailleurs : les apprentissages de votre rejeton ne reposeront plus sur une seule et même personne et forcément, ça diminuera le risque.
Par contre, certains profs sont vraiment très concreto-crétins.
Puisqu’on passe d’un prof en primaire à 8 ou 9 profs au collège, on peut donc se retrouver avec 8 ou 9 fois plus de bêtise à gérer.
Je vous dis ça parce qu’il faudrait être très candide pour penser que sur les 8 ou 9, tous vont adapter leur support, mettre votre enfant au premier rang et être bienveillants.
Je vous le dis de manière brute : ça n’arrivera pas.
Vous allez vous taper votre lot d’abrutis. La question est juste leur proportion.
Et ces braves gens profitent d’un truc : la pénurie d’enseignants.
Vous les avez entendus les spots à la radio et à la télévision ?
Allez, c’est cadeau. Non, ne cassez pas votre écran.
MOUARF MOUARF MOUARF ! Quelle bonne tranche de rigolade jaune !
Chez les enseignants du public, il y a deux statuts dont on n’a pas forcément conscience en tant que géniteurs :
- Les fonctionnaires :
Ils ont eu leur job grâce à un concours : Le CAPES. Sur les infos que j’ai (mon meilleur pote était prof d’histoire), ça n’a rien de facile et il faut bûcher quand même pas mal. Ca se soutient à l’écrit et à l’oral.
Bref, quand on a son concours, on est un poil musclé de la tête.
Est-ce que ça fait de nous un super enseignant ? Non mais on est un spécialiste de sa matière. C’est déjà un bon point.
Bref, les professeurs fonctionnaires sont là pour un moment (voire depuis très longtemps) et ont la sécurité de l’emploi. Ces gens là savent ce qu’ils feront dans 10 ans, 20 ans, etc.
Vous allez donc avoir potentiellement en face de vous quelqu’un qui est là depuis 35 ans. Ils étaient sensibilisés à la différence, les profs, en 1987 ? - Les enseignants dits « vacataires » :
Ils ne sont pas fonctionnaires mais en CDD. Mais il y a une énorme pénurie, rappelez-vous.
Comment ces gens sont recrutés ? Je cite :
« Les conditions de diplôme pour être recruté sont fixées à bac +3 dans les disciplines d’enseignement général, ou bac +2 assorti d’une expérience professionnelle pour les disciplines d’enseignement professionnel. »
Concrètement, ça veut dire quoi ?
Qu’une conseillère bancaire avec une licence de maths peut devenir demain la prof de mathématiques de votre enfant en cinquième.
Je ne prends pas cet exemple au hasard, vous vous en doutez. C’est du vécu : elle a bien tenté de vendre un Compte Epargne à Caramel mais il n’a curieusement pas accroché.
Cette pénurie d’enseignants a un effet pervers sur l’école inclusive en plus d’un niveau d’enseignement au ras des coquelicots.
Vous pourrez leur parler de la loi, de leurs obligations, etc… Mais comprenez bien ceci : s’ils ne veulent pas appliquer la loi, ils ne l’appliqueront pas et vous ne pourrez pas y faire grand-chose.
Vous pourrez appeler l’inspecteur, le directeur ou rencontrer le diocèse (j’ai fait ça quand il était dans le privé), ça ne changera absolument rien.
« Mieux vaut un prof abruti que pas de prof du tout », c’est le message qu’ils vous feront passer. Ils avoueront sans mal que le prof est effectivement abruti mais « en off ».
Ces profs vacataires passent donc d’établissements en établissements et si on leur met un peu la pression, ils ouvrent les voiles et passent à l’établissement suivant.
Après 11 ans de confrontation avec l’Education Nationale, j’ai surtout vu deux grandes familles d’enseignants, moi :
- Ceux qui le sont devenus pour avoir la sécurité de l’emploi, les vacances scolaires ou simplement un job.
Cette recherche de sécurité dans leur ADN aura du mal à coexister avec adaptations, différences, etc. Vous êtes prévenus. - Ceux dont c’est la vocation et qui aiment bien les gamins.
Il y en a, bien heureusement. Certains trouveront même qu’avoir un autiste dans la classe est enrichissant pour tout le monde. J’adorerais dire qu’ils sont majoritaires.
Parfois, des enseignants lisent mon blog et m’envoient d’ailleurs des messages : Mesdames/Messieurs, si vous lisez ces lignes, vous appartenez à la deuxième catégorie et vous subissez cette bêtise toute la journée… Je compatis. Merci à vous !
Je finis ce partage d’expérience en vous parlant d’une « fondation » que vous connaissez peut-être.
Chapitre 13 : Attention aux belles promesses
Je ne pouvais pas ne pas vous parler d’un machin, là, vite fait : Les Abrutis d’Auteuil.
Ça y est, j’ai la moutarde qui me pique le nez.
ATCHOUM !
Voici leur jolie page d’accueil.
Et voilà leur manifeste :
« Apprentis d’Auteuil soutient les jeunes en difficulté à travers des programmes d’accueil, d’éducation, de formation et d’insertion en France et à l’international pour leur permettre de devenir des adultes libres et épanouis de demain. »
C’est beau, hein ?
On aurait presque envie de chialer, tiens. Snif.
Forcément, on s’est dit que c’était un cadre plus propice pour Caramel qu’un collège lambda. C’est la théorie.
Voilà la pratique !
Zut, Caramel n’est pas le nouveau Sébastien Chabal.
Ma vie s’écroule.
Le pire, c’est que quand on lit ce message, on pourrait presque être empathique.
Bah oui, mettre un autiste dans un pack d’avants qui se frottent mutuellement les oreilles, c’est un sacré challenge.
Le gars a essayé et ça ne marche pas…
Tu m’étonnes. Le pire c’est que je comprends qu’il galère ce pauvre gars sauf que vous avez devant les yeux une menace claire et de la discrimination manifeste, punie par la loi.
Alors je me pose une question bête vu que je suis abruti : Si Caramel était en fauteuil roulant, est-ce que ce prof me dirait « s’il refuse de courir, je ne pourrais plus l’accepter en classe » ?
Non ? Bah pourquoi il me demande de rendre un enfant porteur d’autisme non porteur d’autisme, alors ? 😶
Des exemples comme ça, j’en ai plusieurs dizaines.
Attendez ce n’est pas fini ! Les Abrutis d’Auteuil accompagnent aussi les parents ! Vous allez voir, ils sont formidables !
En pratique, moi, j’ai eu des « je refuse de vous parler monsieur » ou des « c’est de la maltraitance de scolariser votre fils, monsieur » des profs.
Nous avons envoyé plusieurs mails au cours de la dernière année au directeur. Vous savez combien de fois il nous a répondu ?
Pas une seule fois. En revanche, on recevait ses mails proposant d’acheter des sapins pour l’APEL ou des demandes de bénévolat pour accompagner les enfants en sortie scolaire à Trifouillis les Oies.
Nous l’avons rencontré une fois pour l’ESS : Il s’est mis à hurler sur la professeur référente handicap du secteur qui lui faisait remarquer que mon fils était discriminé. Un établissement admirable.
J’ai bien pensé à leur mettre un avocat dans les pattes et j’aurais gagné à tous les coups mais me suis abstenu.
Pourquoi ? Parce que Caramel n’avait rien à y gagner et qu’il est mon unique priorité. Du coup, on a changé d’établissement non sans avoir mis une jolie pression en bouquet final… Je vous évite toute l’histoire.
3 mois plus tard, le directeur est soudainement parti à la retraite alors qu’il lui restait 3 ans à tirer. Y’en a de ces coïncidences ! Les profs vacataires sont toujours là, eux.
Bref, faites gaffe aux beaux discours des fondations et organismes… à but lucratif.
Et pour Jean-Alceste, on va faire quoi, alors ?
Chapitre 14 : La solution ? Gommez la souffrance
J’adorerais vous donner une recette tout faite qui marche à tous les coups.
Ce que je pense, c’est que votre choix sera forcément le bon.
- Le CNED c’est super mais très engageant et peu sociabilisant.
- L’école normale avec AESH ou ULIS, c’est du bricolage qui nécessitera de la ténacité.
- L’IME, c’est uniquement si Jean-Alceste a une déficience intellectuelle avérée et que vous êtes patient(e).
- Le Canada, c’est loin et la poutine c’est calorique.
Voilà où on en est.
Après 3 ans au collège, j’avoue que, dans le monde idéal de Mickey, en restant en France, je pense que le mieux serait de pouvoir faire le CNED (je suis même convaincu de pouvoir l’emmener au BAC mais quel intérêt ?) les matins par exemple (largement suffisant pour faire le programme) couplé à une ou des activités sportives et/ou créatives les après-midi pour la sociabilisation.
D’autres pays ont ce rythme cours le matin, activité l’après-midi (Italie, Allemagne, Suède…) et il me semble beaucoup plus compatible à nos rejetons. Mais bon, je suis une brêle en italien, un solex en allemand et un fer à repasser en suédois.
Est-ce possible en France tout en payant les factures ? Pas simple. J’ai quand même quelques conseils pour vous.
Je me suis rendu compte que diminuer la dépendance aux autres, que ce soit les nounous, les profs, les AESH, etc. allégeait la charge mentale.
Cela génère des contraintes, certes, mais aussi de la sérénité.
La base de Jean-Alceste, c’est vous et personne d’autre. Un établissement scolaire, ça reste des murs et des gens qu’on oubliera l’année suivante.
En revanche, on peut s’y faire des amis qu’on peut parfois garder toute sa vie et leur valeur est bien supérieure à la bûchette incandescente.
Mon conseil :
- Ne pensez pas que quelqu’un va régler vos problèmes pour vous et ne donnez pas de pouvoir aux tiers : ils n’en ont pas.
- Choisissez la structure qui vous semble la plus à même de développer les compétences de Jean-Alceste, quel que ce soit votre point de départ.
- Communiquez avec les AESH ou les profs mais restez factuels. Trop de communication va faire qu’ils vous déverseront leur poubelle mentale et/ou vont vous reprocher de leur mettre la pression.
- Allégez les semaines si vous le pouvez.
- Ne vous tracassez pas trop pour les notes et/ou le niveau présumé requis pour telle ou telle classe : Les notes reflètent surtout la capacité à rentrer dans le moule et nos enfants ne rentrent pas dans le moule.
- Enfin, laissez Jean-Alceste creuser ses passions même si elles vous semblent chelous.
Nous avons des enfants non conventionnels ? Affranchissons nous des conventions.
C’est de la pure logique, en fait.
Je laisse Caramel conclure cette article en musique avec ses deux anges de cousines.
La joie avant tout. On y arrivera.
Je vous fais une bourrade virile. N’hésitez pas à me faire un petit coucou en commentaires si vous le souhaitez.
A très vite !
Duck
PS : Polpette a inventé une technique de développement personnel plutôt efficace que je vais peut-être breveter. Elle allie la culture ancestrale bouddhiste et la culture moderne du « on s’en bat les roustons ». Quand vous vous sentez oppressés, pensez au mot suivant : Boudibalek. 😅
PS2 : Je vous partage ça aussi, tiens. J’aime bien ce gars là.
Je dois avoir le "nez" !
Je me dis : ca fait longtemps qu'il n'y a pas eu de publi sur Ozuste. Je vais aller voir.
Et paf, tout frais du jour !!
Content de savoir que "tout va bien"
Ici c'est rentrée en Ulis et tout va mal : sa place est dans un mus… IME
Regressions, crises…
Bref, on fait front, on cherche des solutions, et on boit des bières !
Ravi de votre retour !
Ravi de te lire Joachim ! Ne lâche rien !
Je voulais relire ta publication pour les papas… J'en avais besoin.
Et bim je tombe sur la publication triannuel (ça doit se dire probablement) et me voilà dans les toilettes, mon seul moment de répit, a lire ton histoire pendant que ma femme se charge de tout faire ce matin…
Mais non mais non je lirais plus tard…
Mais voici jai le sourire pour la journée !
Merci Mile !
Je suis bienheureux de savoir que je suis ta pause laxative
Bravo et merci pour l'humour. Pas de solution, mais on au moins on rit.
Merci Nadia !